Covid-19. La crise confirme l'importance des directions sécurité/sûreté
Tant pour les entreprises et leurs directions sûreté, quand elles en ont une, que pour les professionnels de la sécurité, la crise du Covid-19 aura au moins eu le mérite de révéler certaines choses et d’en confirmer d’autres…
« Cela peut paraître étonnant mais la crise du Covid-19 et le confinement ont agi comme un révélateur : certaines entreprises ont découvert qu’elles avaient, à disposition, à portée de la main, un expert de la gestion de crise : le directeur de la sécurité/sûreté et ses équipes, se réjouit Stéphane Volant, président du CDSE (Club des directeurs de sécurité des entreprises). Dans ces entreprises, certains membres des comités exécutifs ignorent ou méconnaissent parfois le rôle précis de cette direction au sein de leur structure. Ils ont pu ainsi constater le bien-fondé, l’intérêt pour la continuité des activités, d’avoir à ses côtés, dans la salle de crise cet expert qui, soit dirige la gestion de crise, soit y prend une part active. »
Le constat du président du CDSE en étonnera plus d’un. Mais il n’est pas aussi surprenant qu’il peut en avoir l’air. En effet, les directions sécurité/sûreté sont encore perçues dans de nombreuses entreprisses, comme faisant partie des fonctions supports. Ni plus, ni moins.
« Cette crise a donc été, pour certains des adhérents du CDSE, l’occasion de montrer leur utilité dans la gestion de la crise actuelle, mais aussi pour le futur, insiste Stéphane Volant. Et de nombreux directeurs sécurité/sûreté ont pu démontrer que la sécurité est un investissement à la rentabilité avérée pour le futur, et non un coût. »
Gérer la crise et en sortir
Avant d’ajouter : « Dans cette crise, le CDSE accompagne ses adhérents, les soutient, leur délivre de l’information. Nous avons mis en place une salle de crise virtuelle sur ‘’Citadel’’, une application souveraine de Thales qui sert aussi en temps normal aux échanges entre les membres du Club. Grâce à notre relation forte avec les pouvoirs publics, je pense notamment au cabinet du préfet de police de Paris, au Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, à la DGE de Bercy, cette salle de crise nous permet de partager des informations qualifiées afin d’anticiper l’impact de chaque décision gouvernementale. Mais il s’agit également d’un échange de bonnes pratiques et d’une possibilité d’entraide : comme quand il s’agit de trouver une solution pour le rapatriement de collaborateurs d’un confrère... Cette crise a montré que le CDSE était important, qu’il avait un rôle à jouer et assumer grâce à ses liens avec l’Etat. »
Maintenant, il s’agit de préparer la sortie du confinement, la reprise de l’activité et l’après-crise, pour en tirer les leçons… « Il fallait très tôt préparer la sortie de cette crise, l’anticiper, afin de pouvoir aider à la reprise de l’activité en douceur », souligne notre interlocuteur. »
Pour cela, il fallait mettre en place plusieurs équipes. Tout d’abord, deux équipes qui devaient se relayer pendant la crise. Une troisième équipe devait être chargée de gérer « la crise dans la crise », c’est-à-dire tous les incidents et actes de malveillance pouvant survenir pendant la crise du coronavirus. On a d’ailleurs pu constater que les hackers et autres pirates n’avaient pas chômé pendant cette période… Enfin, une quatrième équipe devait avoir pour mission la reprise de l’activité, donc de l’après crise.
Des éclaircissements urgents
« Pour nous aider à sortir de la crise, il va falloir que certains assument leurs responsabilités et prennent des décisions, insiste le président du CDSE. Par exemple sur la prise de température dans les entreprises. Et qu’on nous dise, enfin, qui peut ou doit s’en charger, tout en exonérant chacun – donneur d’ordre, collaborateur ou prestataire - d’une quelconque responsabilité en cas de faux positif ou de faux négatif, comme cela peut être le cas dans le cadre de l’usage d’un défibrillateur. N’est-t-il pas temps d’élargir le champ de compétences de la sécurité privée ? Et de faire en sorte que ces agents, dûment formés, puissent venir en soutien, en ces temps difficiles, des entreprises ? »
Outre la place qu’on doit accorder à la sécurité privée dans ce type de crise (mais nous y reviendrons plus loin), le Covid-19 et le confinement ont mis en lumière l’épineux problème de la souveraineté française pour certains outils et technologies… « Jamais les échanges numériques n’ont été aussi nombreux que durant la période que nous vivons, constate Stéphane Volant. Echanges qui se faisaient et se font encore via des applications plutôt conçues outre-Atlantique et qui, de facto, peuvent donner accès aux données, aux informations échangées… Et que dire du cloud ? Nous ne disposons pas d’outils français, réellement souverains, équivalents à ceux de Microsoft, Amazon, Apple et consorts ! Il va clairement falloir se poser la question de se donner les moyens de reconquérir une certaine forme de souveraineté en la matière ! Et se demander si la France veut être souveraine technologiquement. »
- 2 questions à Stéphane Volant, président du CDSE
- Le 9 avril dernier, dans un communiqué de presse, le CDSE a demandé aux pouvoirs publics de préciser les « conditions nécessaires à la reprise des activités dans les entreprises ». Sur quels points portaient ces précisions ?
Je sais, de mes échanges avec Jean Castex, que l’Etat a commencé à réfléchir à la sortie du dit confinement dès l’annonce de cette mesure par le Président de la République, le 17 mars dernier. C’est pour cela que, début avril, nous avons demandé quelques éclaircissements à l’Etat sur des certaines mesures qui nous paraissent nécessaires pour que la reprise d’activité se passe dans les meilleures conditions. Nos demandes d’éclaircissements portaient entre autres…
- Retrouvez l’intégralité de cet article dans le prochain PSM numéro 259 (mai-juin 2020).