La reconnaissance faciale aux ADP
Suite à l’attaque de Roissy,le PDG d’Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet, a évoqué la possibilité de déployer des solutions de reconnaissance faciale pour identifier des individus rechercher par les forces de l’ordre. Lors de la même intervention sur l’antenne de nos confrères France Inter, le PDG s’est déclaré opposé à des fouilles à l’entrée de la zone publique des aérogares.
Pour justifier son refus de mettre en place des fouilles systématiques, Augustin de Romanet explique que ces points de contrôle vont créer des files d’attente qui pourraient être la cible des attaques terroristes. Pourquoi ce refus ? « Si vous fouillez à l'entrée de la zone publique, ça veut dire qu'il faut aussi fouiller à la sortie de l'ascenseur qui vient du parking [par où Ziyed Ben Belgacem est arrivé], s’est justifié le patron des ADP. Vous créez de nouvelles filles d'attente, vous créez des abcès de fixation qui sont des cibles extraordinaires pour des terroristes potentiels ».
Par contre, même si la reconnaissance faciale implique des problèmes de libertés publiques puisqu’il faudrait avoir en mémoire les caractéristiques des personnes suspectées d'être dangereuses et avoir des caméras permettant de comparer rapidement le visage filmé par la caméra et ceux enregistrés dans une base de données, le PDG d’ADP estiment que les solutions existent et pourraient constituer un moyen efficace de prévention des actes terroristes.
A l’heure actuelle par exemple, Orly est équipé de 2 000 caméras. Ces caméras tissent un maillage très fin de la zone de l’aéroport. L’objectif à atteindre pour Augustin de Romanet est donc de se servir de cette installation pour identifier le plus rapidement possible un individu fiché. Cette technique de reconnaissance existe déjà dans les aéroports de Paris mais elle ne s'applique qu'au contrôle des passeports, pas à la détection des personnes jugées dangereuses.
Un exemple : Israël ?
En octobre 2016, Augustin de Romanet s’est rendu en Israël pour étudier les procédures et solutions déployées à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, que de nombreux experts considèrent comme un des plus sûrs du monde.
Le dispositif mis en place à Tel Aviv est basé sur des check points placés à 5 ou 6 km de l'aéroport. Pour le PDG d’ADP il n’est pas applicable en tel quel dans les aéroports de Paris. « A Ben Gourion, il y a moins de 6 millions de passagers par an, à Charles de Gaulle, 66 millions de passagers par an. Et à Orly, 30 millions. En faisant des tests de check-point, nous avons généré de tels embouteillages que cette solution n’est pas réalisable », explique Augustin de Romanet. La difficulté étant de trouver l'équilibre entre le renforcement des mesures de sûreté, la fluidité du déplacement des passagers et les contraintes d'horaires à respecter.
Autre solution retenue par certains aéroports : des contrôles à l’entrée des terminaux. Cette solution ne fait pas l’unanimité. Le sénateur Vincent Capo-Canellas a recommandé dans un rapport publié en octobre dernier de « ne pas placer des portiques à l'entrée des aérogares, car ces installations coûteuses et inefficaces généreraient des files d'attente très vulnérables à une attaque terroriste ».