Accélération des dépenses
A l’occasion du dernier salon Milipol qui s’est tenu à Paris Villepinte du 21 au 24 novembre dernier, notre confrère En Toute Sécurité a publié des chiffres intéressants sur le marché mondial de la sécurité.
Premier constat. Comme le souligne Patrick Haas, directeur des publications En Toute Sécurité, « le marché mondial de la sécurité vit au rythme des attentats perpétrés dans les divers pays visés par les terroristes. On constate systématiquement une brusque augmentation des dépenses de sécurité dans un pays après chaque action meurtrière. D’autant que les cibles évoluent au fil des attaques, si bien qu’il faut protéger de nouvelles catégories de sites : les infrastructures de transport, les musées, etc. ».
Accélération en 2016
Au premier semestre 2017, l’économie mondiale progresse de +3 % : c’est le score le plus haut enregistré depuis deux ans. Le marché mondial de la sécurité a donc connu une accélération de ses dépenses en 2016, soit 549 milliards d’euros contre 507 milliards en 2014. En plus des menaces sécuritaires qui planent sur le monde, la croissance est en effet également stimulée par le développement économique. La sécurité privée est étroitement liée au PIB des Etats : plus il est élevé et plus les Etats feront des investissements en sécurité (protection d’usines, de bureaux ou de sites stratégiques). Ainsi, depuis 2015, la croissance mondiale reprend le rythme des années 2000-2008 (environ +7 %) et dépasse même ce cap en 2016 avec un taux de +8,3 %.
L’Asie devant l’Europe
Les prochaines années devraient se situer sur cette lignée avec une croissance de l’ordre de 9% globalement, qui se vérifie pour chaque région. Le marché européen est handicapé par une croissance poussive de la part de certains pays membres si bien qu’il progresse moins vite qu’en Asie, où l’économie est plus dynamique.
A noter que depuis 2014 le poids des dépenses de sécurité en Asie-Moyen-Orient dépasse celui de l’Europe. Cette région représente actuellement une part de 26% dans les dépenses mondiales contre à peine 14% en 2001. Quant à l’Europe, son cas est assez paradoxal : le poids de ses dépenses diminue considérablement en quinze ans (moins dix points) par rapport aux autres régions alors qu’elle est particulièrement visée par le terrorisme ces dernières années. L’Amérique du Nord a très légèrement perdu du terrain (43% en 2001 contre 39% en 2016), mais conserve sa première place en raison du poids considérable de son économie et du fait que la sécurité soit considérée comme une priorité absolue par les autorités depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Sécurité intérieure : ¼ des investissements
Les dépenses mondiales consacrées à la sécurité intérieure (y compris la cybersécurité, mais hors budget des forces de l’ordre) se sont élevées à environ 143 milliards d’euros en 2016, soit un quart des investissements totaux en sécurité. La sécurité intérieure connaît une progression plus rapide que la sécurité en général : +10 % à 12 % par an contre environ +7 % à +8 %. L’augmentation est hétérogène selon la position géographique et surtout en fonction de la fréquence et de l’intensité des attaques terroristes.
Aux Etats-Unis la croissance annuelle moyenne est au-dessus de 10 % alors qu’en Europe celle-ci se trouve entre +5 % et +10 %, et dans les autres régions du monde le pourcentage est supérieur à +15 %. « La sécurité intérieure de l’Etat est une activité très dépendante des investissements publics. Or, s’il y a eu une remise à niveau complète post 2001 avec d’énormes dépenses, on constate ensuite un ralentissement brusque de ces financements. Cela s’explique principalement par une forte contrainte budgétaire qui s’est imposée aux Etats. Toutefois, la multiplication des menaces a souligné la nécessité de reprendre aujourd’hui les investissements à un rythme soutenu. », ajoute Patrick Haas. De ce fait, le contexte a attiré de nombreuses sociétés sur ce marché, tandis que les grands groupes ont réalisé plusieurs acquisitions et renforcé des relations étroites avec les Etats.
Des cibles variées
Ces dernières années, les cibles visées par le terrorisme sont devenues très variées, de même que les modes opératoires : le camion sur la Promenade des Anglais à Nice ou la voiture sur les Ramblas de Barcelone, les attaques au couteau en Grande-Bretagne, l’attaque aux armes à feu de l’aéroport de Zaventem en Belgique, etc. Ce ne sont plus des lieux stratégiques ou des hautes personnalités qui sont visés mais bien des individus quelconques. Cette évolution implique pour les Etats davantage de présence pour sécuriser les rues et autres lieux publics. Les effectifs mobilisés pour élargir les périmètres de sécurité étant limités, l’appel aux technologies de sécurité se généralise : vidéosurveillance, logiciel de détection des comportements suspects, etc.